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A l'occasion des 20 ans de L'Air de rien, lisez cet écho de lecture des 180 premiers numéros réalisé par l'APA :

En novembre 2003 sortait le premier numéro de cette chronique. L'occasion, aujourd'hui, de tirer le portrait de ce gros bébé de vingt ans. Grâce à l'écho-graphie de l'APA (1), une association qui collecte des textes autobiographiques (récits, correspondances, journaux intimes) que tout un chacun lui confie. Un fonds de plus de 4000 documents accessible au public aux Archives municipales d'Ambérieu-en-Bugey, près de Lyon. Les textes reçus sont d'abord lus en sympathie, selon un protocole précis, par un membre d'un groupe de lecture qui en établit un compte-rendu (un écho). Ayant déposé à l'APA l'intégralité de mes chroniques, Sylviane Pierrot, du groupe de lecture de Strasbourg, les a lues et en a rédigé l'écho dont L'air de rien de ce mois vous propose de longs extraits ICI ! 

 

 

La vie est jeune. En vieillissant, elle se fait durée, elle se fait temps, elle se fait adieu. Elle vous a tout pris, et elle n'a plus rien à vous donner. Il m'arrive alors de croire presque – presque – qu'il est resté en moi quelque chose de celui que j'étais il y a vingt ans, que je n'ai pas entièrement disparu.

 

 

Romain Gary, La promesse de l'aube

 

 

Celui qu'on prend pour moi

Un autobiographe dans tous ses états

J'avais commencé à écrire ces chroniques avec l'envie de parler du monde tel qu'il va, ou plutôt tel qu'il ne va pas... Mais très vite, les sujets ont été tout autres, reléguant la marche du monde au second plan. Si, depuis vingt ans, la moitié des chroniques parlent de littérature, un gros tiers d'entre elles – rassemblées ici – possède un contenu qu'on peut qualifier d'autobiographique. J'y parle de moi.

 

Comme un animal attaché à un piquet, je tourne autour de quelques thèmes récurrents : histoires de vie et expériences vécues dessinent une sorte d'auto-portrait, évacuant le récit linéaire au profit d'un tableau en pointillés aux multiples formes, récit mosaïque écrit à la première personne du singulier, quand il n'est pas histoire collective en Nous majuscule, légende familiale, fragments de souvenirs ou, à l'inverse, situations ayant déserté ma mémoire...

 

Pourtant, celui que je tentais de définir continuait à m'échapper. Ni la généalogie, ni la trajectoire sociale ne suffisent, aujourd'hui, à définir une identité. Le monde moderne nous fait sans cesse sauter d'une image de soi à une autre et l'on change de rôle aussi souvent que de chemise. Toutefois, le lecteur percevra-t-il, au fil du temps, une légère inflexion. Le délitement progressif de la forme autobiographique par l'utilisation de techniques s'apparentant davantage à la fiction : déconstruction du moi, récit trans-personnel ou histoire écrite à la troisième personne. Car, à force de se raconter, ne finit-on pas par s'inventer un passé et un futur, à travers des doubles de papier qui élargissent notre moi, le démultiplient et lui ouvrent de nouveaux horizons ? Comme si l'animal, à force de tourner autour de son piquet, était parvenu à agrandir légèrement la longe qui le tient prisonnier de son histoire.

 

Vous pouvez commander ce livre chez votre libraire ou sur le site de L'Harmattan